Plus de un an après l’adoption d’une règle instaurant le paiement au comptant des primes, assureurs et assurés tentent de s’y adapter.
« C’est l’évolution la plus importante des vingt dernières années. » Richard Lowe, le patron d’Activa au Cameroun, est formel. D’après lui, la réforme du code régissant l’activité au sein de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima) s’imposait. Adoptée en avril 2011 par le Conseil des ministres en charge des assurances dans la région et entrée en vigueur en octobre la même année, elle concerne notamment l’article 13, qui oblige désormais l’assuré à payer en totalité sa prime avant la prise d’effet de son contrat, et l’article 451, qui interdit aux courtiers d’encaisser les paiements des clients.

En clair, il n’est théoriquement plus possible de souscrire, comme c’était devenu la règle, une assurance à crédit dans les quatorze pays de la zone franc CFA d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. Avec l’accumulation des impayés, les compagnies d’assurances accusaient des arriérés pouvant atteindre la moitié de leur chiffre d’affaires, indique la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf). Résultat : « La plupart d’entre elles n’étaient pas en mesure de rembourser les sinistres », explique Jean-Claude Ngbwa, secrétaire général de la Cima. Par ailleurs, les sociétés intermédiaires n’ont plus le droit de collecter des primes et de les reverser aux assureurs l’année suivante. Désormais, les primes alimentent directement les caisses des assureurs après prélèvement d’une commission.

Adaptation progressive

Un peu plus de un an après la mise en oeuvre de ces nouvelles dispositions, quel bilan tirer ? « En 2012, nous avons assisté à un ralentissement de nos chiffres d’affaires parce que les clients, notamment les particuliers et les PME, n’étaient pas préparés à cette nouvelle mesure », affirme un assureur ouest-africain. D’après son confrère d’Activa Cameroun, « on devrait observer un redressement à partir de 2014 ». En attendant, les clients s’adaptent progressivement. « Certains, explique Pascal Le Lepvrier, directeur du réseau Ndebaya, qui gère les agences du groupe NSIA au Mali, ont réduit les garanties souscrites pour baisser les coûts, d’autres procèdent par fractionnement en souscrivant par trimestre plutôt que pour l’année. » Les assureurs, eux, n’hésitent pas à accorder des réductions ou à accepter plusieurs chèques, encaissés selon un échéancier. « Dans les pays où le pouvoir d’achat est très faible, les compagnies d’assurances n’ont pas d’autre choix », explique Pascal Le Lepvrier. Reste que le non-respect du nouveau code peut entraîner des sanctions allant jusqu’au retrait de l’agrément.